Neuropathie optique associée à l’atezolizumab : étude clinique et anatomo-pathologique de plusieurs cas

🎯 Objectif de l’étude

Les auteurs rapportent une série de cas de neuropathies optiques (atteintes du nerf optique) associées à l’atezolizumab, un traitement immunothérapeutique (anticorps anti-PD-L1). Leur objectif est de mieux caractériser cette complication rare mais sévère, tant sur les plans clinique qu’histologique.

🧪 Méthodologie

• 8 patients (14 yeux concernés) développant une atteinte du nerf optique peu de temps après avoir commencé le traitement par atezolizumab.

• Données collectées : cliniques, ophtalmiques (acuité visuelle, fond d’œil), examens d’imagerie, électrophysiologie visuelle, biopsies post-mortem dans certains cas.

• Étude rétrospective multicentrique (Canada, États-Unis, Europe) menée entre 2019 et 2024.

🔬 Résultats clés

• Les patients ont développé une perte de vision (souvent sévère) en quelques jours à quelques semaines après l’exposition à l’atezolizumab.

• La présentation ophtalmologique ressemble à une neuropathie optique antérieure ischémique, mais plusieurs éléments orientent vers une étiologie inflammatoire ou autoimmune, déclenchée par l’immunothérapie.

• Toutes les biopsies post-mortem réalisées ont révélé une infiltration inflammatoire importante du nerf optique, avec présence de lymphocytes T CD8+.

• Deux patients ont récupéré partiellement la vision après arrêt de l’immunothérapie et traitement immunosuppresseur, mais la récupération est restée limitée.

• Ce type d’effet secondaire est rare, mais potentiellement irréversible s’il n’est pas reconnu très tôt.

🧠 Interprétation

Il s’agirait d’une neuropathie optique inflammatoire médicamenteuse, probablement déclenchée par une forme de déséquilibre immunitaire dû à l’activation du système immunitaire par l’atezolizumab.

Elle semble distincte des névrites optiques classiques (démarche auto-immune ou infectieuse habituelle).

⚠️ Conclusion

• La neuropathie optique associée à l’atezolizumab est une toxicité rare mais sévère qu’il faut savoir reconnaître rapidement.

• L’interruption du traitement immunothérapeutique et l’administration de corticostéroïdes sont parfois efficaces, mais pas toujours.

• Ce diagnostic doit être envisagé devant une baisse brutale de vision chez tout patient traité par atezolizumab, même sans signes généraux.

En résumé, le médicament anticancéreux atezolizumab, utilisé en immunothérapie, peut dans de rares cas provoquer une atteinte grave du nerf optique, entraînant une perte de vision. Cette étude décrit huit patients chez qui cela s’est produit, et met en évidence une inflammation du nerf comme cause probable. Un arrêt rapide du traitement et une prise en charge anti-inflammatoire peuvent améliorer les choses, mais la récupération est parfois incomplète. Cette complication est rare, mais grave, et doit être mieux connue des médecins.

Edouard Colas